2024/04/20 - Mélancolie
La mélancolie de cette nuit qui s’amorce, accompagne bien la Valse no. 19 en La mineur de Chopin. Je me trouve une fois de plus prisonnière de mes choix, engouffrée dans un piège par mes propres choix qui possédaient jusqu’alors une vraisemblance de jugement.
Nope. Trop fronçais. Trop formel.
Ça m’arrive de pogner un accent quand j’écris. Ça ‘pas pris deux lignes pour que je m’en rende compte, cette fois. Et voilà que j’ai surcorrigé avec un joual grotesque, caractérisé par l’apostrophe avant le “pas”. Maudit que je m’énerve.
En fait, si mon intention est d’être authentique, c’est parfait comme ça. Ça me vient naturellement de passer d’un registre littéraire à l’autre, en passant du coq à l’âne en essayant d’attraper au vol tous les sujets qui me passent par la tête. J’ai longtemps cru que c’était caractéristique d’un trouble grave de la personnalité. Qui sait, c’est peut-être le cas.
Bref, j’ai aucune envie de me corriger, parce que j’ai fini (ah oui?) de me polir pour les autres. Les diamants bruts sont faits pour être admirés dans toute leur laideur réfléchissante. Ahem! Je ne me considère pas comme un joyau, outre la comparaison avec un quelconque bijou auquel on accorderait une valeur arbitraire selon l’époque. Mais il m’arrive de penser que mon potentiel ne peut qu’être miné par l’autre. Bon, ça suffit les métaphores de pierres précieuses. Je m’ennuie tellement, que je procrastine à la progression de ce texte en suranalysant les quelques sauts de paragraphe que j’ai octroyés à mes idées clairsemées.
Bon, revenons à nos moutons, nous chaudrons, notre dialogue. Nous avons affaire, vous et moi, à l’intérieur de ma tête, et ce n’est pas une petite besogne que de me concentrer à le peindre avec des mots. J’ai toujours préféré l’abstrait parce que cela demandait moins d’effort en quelque sorte (un peu comme l’acrylique), mais au moment d’écrire ces lignes, je me demande si c’est fortuit ou prévisible. D’une certaine façon, la forme forme le format, et vice versa. Je me comprends, ne cherchez pas à comprendre.
Est-ce qu’on peut se tutoyer? J’aimerais bien.
Ce genre de formule toute prête; les salutations, les questions, les politesses, ce sont les ancres auxquelles je m’accroche lorsque je dois survivre à une situation sociale. Sans eux, je suce mon pouce sèchement en cherchant à m’échapper de ces possibles défaillances qui saigneraient ma solitude et siègeraient ma souffrance. Je parle bien sûr des malaises, qui-
A-YO-YE. Ça sonne… pas moi. Mais C’EST moi. What?
Bon, ok, ressaisissons-nous. Les malaises, donc. On m’a surnommé Fée Malaise, ça faisait bien rire les amies de mon ex. J’avais même endossé le rôle, je crois que c’était une sorte de badge d’acceptation par des gens beaucoup trop bien pour moi. Enfin, à l’époque ce n’était pas le cas, mais aujourd’hui j’ai embrace my sad ol’ shelf, comme Carl Jung le voudrait, et ma vraie nature, aussi naïve et bienfaisante soit-elle, est loin des meubles Ikea blancs et des épiceries santé d’Ahuntsic.
“Tu me fais tellement rire avec ces textes trop longs pour rien yet beaucoup trop courts.” Ton souhait a été exaucé, cher. Ça m’a weirdly beaucoup touché. Je sais pas trop pourquoi. J’imagine que c’est rassurant de savoir que, la bibitte que j’ai toujours été, est appréciée lorsqu’elle s’exprime sans barrières ni jugement. De la part des autres ou de la mienne, le regard critique a toujours été source d’un terrible tonnerre qui me perce les tympans et me foudroie le cœur.
Encore une fois, j’en suis venu à détester le ton que j’emploie dans ce texte. Ça va et ça vient comme des vagues. Je me tape royalement sur les nerfs. Je crois que je commence à être fatiguée, mais je n’ai pas envie d’arrêter. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas composé un texte aussi long sans trop me préoccuper du sujet ou du style, sans avoir de compte à rendre. C’est drôlement rafraîchissant, libérateur, insérer ici un bel adjectif tout propre et délicat. Oui, c’est fait exprès. L’écriture ou la note? Les deux. Je me comprends.
Je dois composer des textes courts pour les réseaux sociaux, dans le cadre de mon emploi. C’est rempli de fausse passion et d’émojis. Ça prend un accent sur le “e”? Ça prend une vraie passion? Ma passion c’est l’écriture, pas les piscines hors terre. Je me comprends.
Tu vois? C’est tellement facile. J’appuie sur la touche Entrée deux fois, et un nouveau monde de possibilités s’ouvre à moi. Soudainement, je peux divaguer sur une toute autre chose, ou si un élan stylistique me prend, continuer à naviguer le même courant. Comme je disais plus haut, rafraîchissant. Surtout quand tu passes tes journées à tomber à l’eau.
Tu me comprends, toi? J’espère que oui, sinon ça serait vraiment plate comme texte. Pour toi, pas pour moi. J’ai du gros gros fun en ce moment. J’emploie la ponctuation de façon abusive, presque désinvolte, carrément mienne. Ça fait du bien, c’est l’équivalent moderne de s’ouvrir les veines pour laisser sortir la méchante maladie. Cette dernière phrase, ça serait le genre qu’on pourrait lire dans un livre d’autofiction pas très bon et qui ne sera lu par presque personne (c’est pas moi qui le dit, c’est l’autre bourrée de talent que j’admire tant mais qui me fait chier avec ses bonnes idées qui emploie ces mots).
Je suis somnambule. En ce moment certes, mais quand j’étais jeune aussi. Je parle encore dans mon sommeil. Je ris, je marmonne, et des fois je dis des phrases cute du genre “je veux passer tout mon temps avec toi”. C’est vrai, j’en ai la preuve parce que je me suis déjà enregistrée pendant plusieurs nuits, et on entend bien ces mots sortir de ma bouche. De ma douche. De ma couche. Ma louche? Ma spatule, elle est mienne et c’est pas une gentille personne qui va me la voler. Je me comprends. Don’t even ask.